8.1.15

PELA LIBERDADE






Liberté


Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer


Liberté.
Paul Eluard, Au rendez-vous allemand, 1945, Les Editions de Minuit



3.1.15

DOIS POEMAS DE FERNANDO FABIÃO



Conheço lugares 
que não vêm nos mapas
lameiros acesos pelo labor solar
dos camponeses.
Casas, arquitectura de infância
fio de prumo, adobes e sombra
de estrelas.

Conheço lugares
macerados pela melancolia
fragas expostas à linguagem feroz
do abandono
haste de cereal, alvíssima.

Territórios de xisto, manchas de musgo
pólen anunciando a doçura furtiva do mel.

Conheço lugares
escritos pelo pensamento límpido
de Deus.




O ano de 2014 chegava ao fim. Mais uma vez Fernando Fabião vem trazer-me o aconchego das palavras.
Leio devagar o teu poema. Leio muito devagar.
Os teus lugares estão para além do tempo
Como agradecer-te, meu querido poeta?



Tenho cabelos brancos
    cor de prata
    cor de pranto
    cor de cal

Atravesso os dias devagar
levo nos bolsos recados
uma velha canção
um pião que gira em redor do azul

Tenho cabelos brancos
    uma gramática precária
    o olhar pousado no sono do mundo

E não sei nada.